Prends une grande marmite et mélanges 1000 ingrédients, aux saveurs aussi diverses que délicieuses.
Tu aurais des chances d’obtenir quelque chose qui se rapproche de cette ville. Un mélange qui ne laisse aucun sens insensible.
Pas de doute, c’est ici que le concept du « melting pot » a été inventé.
La ville a d’ailleurs la réputation d’avoir fait cohabiter à merveilles toutes les populations d’Amérique quand c’était une galère dans le reste du pays.
Noirs américains, créoles, français, indiens séminoles, anglais et acadiens ont fait de cette terre un Eldorado.
Le jazz y est né avec l’enfant prodige Louis Armstrong comme étendard international. Les clubs de Bourbon et Frenchmen Street garantissaient une ambiance unique. L’alcool et la prostitution n’y étaient pas pour rien non plus.
D’ailleurs, les Marines qui partaient pour la guerre du Vietnam embarquaient tous à la Nouvelle-Orléans. Problème, la ville était si chouette que beaucoup ne voulaient plus partir.
Le gouvernement a sévi en fermant des clubs mythiques de la ville ainsi que tous les bordels.
La ville a aujourd’hui perdu de sa superbe. Et les ouragans ne l’ont pas épargné.
Mais le phœnix renait toujours de ses cendres et l’âme de la ville reste intact pour ceux qui savent où la trouver. On t’embarque ?
Noël à NOLA
Ici, on renoue avec les maisons d’époques, les couleurs en plus. Influence indienne, africaine et créole oblige.
Noël pointe le bout de son nez alors, on s’offre un petit appartement dans le Faubourg Marigny. On s’installe dans une maison type « cabane à fusil » tout en longueur. Ça tombe bien, la vague de froid arrive. Il fera 0 degrés à NOLA pendant quelques jours, fait assez rare pour que les propriétaires s’inquiètent du gel de la plomberie.
On a clairement respecté nos traditions des fêtes de Noël : ne pas faire grand-chose, de préférence sous un bon plaid, prendre des bonnes douches chaudes, livre un bon bouquin, enchainer les films Netflix.
Loin de la famille et des amis, certes. Mais avec nos « vanlifers » préférés, Elsa & Clem, qu’on a invité à diner dans notre maison temporaire. Petit festin entre copains.
On a quand même réussi à rassembler nos forces pour s’extirper de la chaleur du canapé pour explorer NOLA sous le soleil froid de décembre.
Quartier Français et Faubourg Marigny pour l’architecture typique.
Bywater pour son côté industriel.
Le parc Audubon, ses lacs et son practice de golf.
Les maisons coloniales de Garden District où le film Benjamin Button a été tourné.
Les magasins éclectiques de Magazine Street.
Congo square, mythique lieu de rassemblement des afro-américains et des Indiens, et le Louis Armstrong Park, non loin du quartier de Trémé.
Et puis le Mississippi et les marécages sur lesquels la ville est bâtie.
Difficile de savoir où donner de la tête alors, on s’est donné des lignes directrices.
La musique comme guide
Car la musique est partout.
Dans la rue, en particulier sur le square Jackson, où des groupes de percussions infatigables te font t’ambiancer par un bel après-midi, où les chanteurs te fascinent par leur capacité à chanter tout en ayant assez de souffle pour jouer de la trompette entre deux couplets. Comme si on apprenait un instrument avant même de savoir marcher.
Même l’équipe de NBA, les pélicans, ont leur orchestre qui anime les temps morts et même la rue devant le stade, à la fin des matchs.
Et puis forcément dans les clubs de Jazz de Bourbon Street dans le vieux carré français comme au Fritzel’s European Jazz Bar qu’on n’a pas réussi à quitter avant 3h de concert tellement la musique était incroyable. Ou encore dans cette mini discothèque où les afro-américains improvisaient des battles de danse insensée.
Bien sûr, Bourbon, c’est aussi de grosses enseignes lumineuses, des cocktails gigantesques et une ambiance un peu plus trash. On préfère la sobriété de Frenchmen Street où on a l’embarras du choix pour la musique. Notre chouchou : The Spotted Cat Music Club.
Et la bonne bouffe comme rite de passage
NOLA est une ville où on sait passer du bon temps. Connus pour son carnaval et son festival de jazz, les Américains disent aussi d’elle qu’on y trouve la nourriture la plus savoureuse du pays.
On a renoué avec la France avec les beignets et chocolats chauds de Café beignet ou Café du monde.
On a gouté de nouveau à la soupe Gumbo, héritage Gullah Geechie, découverte en Caroline du Sud.
On a dévoré le meilleur po’boy, le « sandwich du pauvre » chez « Luiza’s by the tracks », avec leurs crevettes savoureuses et leur sauce magique beau gosse.
On a pris de grandes bouchées de muffuletta, un énorme sandwich plein de charcuterie, amené par ici par les Italiens dit-on.
On a tenté les écrevisses bouillies, bien épicées.
On a enfin apaisé le feu par la jambalaya, un mélange de riz aux fruits de mer.
Pas d’ouragans en vue
On passe du bon temps à la Nouvelle-Orléans. Mais la menace d’un ouragan n’est jamais très loin pour les habitants du Sud qui surveillent les alertes météorologiques avec discipline.
En arrivant en ville, on s’est rendu compte que les rues étaient un peu moins bien entretenues, voire bosselées et fissurées. Et si on s’approche de ces maisons toutes colorées, on s’aperçoit que certaines sont délabrées ou abandonnées. Un pan de bois manque sur le côté et on peut pénétrer dans une habitation où tout est encore là : les albums photos, le canapé, les vinyles, l’eau qui coule à l’étage du dessus. Sûrement une famille, qui après un ouragan, a fui la ville sans jamais regarder en arrière.
L’un des musiciens rencontrés à Clarksdale est originaire de la ville. Après Katrina, il est parti pendant plus de 2 ans. « Parce que la vie économique s’est arrêtée, nous dit-il, et aussi parce que l’odeur de la mort était partout. ». Certains rapports évoquent la perte de 100 000 habitants après la catastrophe… Partir pour se reconstruire ailleurs.
Malgré cela, la ville s’accroche à son art et sa joie de vivre et continue d’attirer des touristes du monde entiers et des Américains en quête de terre promise.
L’heure est venue pour nous de quitter ce petit bout de terre pour s’enfoncer dans les terres louisianaises, à la recherche des premiers expatriés français : les acadiens, devenus cajuns.
With love,
Milia & Paul
Il ne manque plus qu'Ibrahim Maalouf pour faire un Noël parfait et coloré. Bravo les enfants